Pour poursuivre notre série « Nos clientes ont du talent » nous avons interviewé la douce Cathy. À travers la couture et la broderie, elle tisse aussi des histoires qui relient passé et présent. Des histoires de famille ou d’amitié, des histoires qui racontent aussi la vie des peuples. Rencontre.
Bonjour Cathy, pour nos clientes qui ne te connaissent pas, que dirais-tu pour te présenter ?
Je m’appelle Cathy, j’aurai bientôt 53 ans et je suis maman de 3 grands enfants. D’origine alsacienne j’habite dans la région depuis 1999 je suis venue à Grenoble pour le travail en 2002. Je partage quelques instants créatifs sur mon compte Instagram sur1air2polka.
Tu couds depuis quand ?
Je couds depuis toujours mais avant je le faisais sans réellement y prendre du plaisir. Ce qui n'est plus le cas maintenant !
Pour quelles raisons ?
Parce que je cousais avec ma mère et ma grand-mère. Il fallait tout bâtir, et décalquer les patrons. C’était donc plutôt une contrainte, de surcroît pendant mes vacances alors que j’avais plutôt envie d’aller faire autre chose. Mais ce qui m’a toujours plu c’était de transformer quelque chose de plat - le tissu en 2D – en un objet en volume, en 3D, comme ici avec le doudou de Nell !
Quel a été le déclic pour faire de la couture une activité plaisir ?
Ma grand-mère ayant des petits yeux fatigués m’a passé sa petite Singer « Starlette » quand j’avais 19 ans. J’ai alors commencé à amonceler des tissus, des fils, des aiguilles. Le matériel étant là, ça m’a donné envie de coudre. Déjà à l’époque je chinais des tissus alors que je ne savais pas quoi en faire.
Comment et avec qui as-tu appris ?
Il n’y avait pas de cours possible à l’époque. Les merceries des années 80 n’étaient absolument pas des endroits où des jeunes filles avaient envie de passer la porte. Je ne faisais pas beaucoup de vêtements mais je cousais beaucoup pour la maison : coussins, plaids, rideaux. Dans ces années-là, les merceries étaient extrêmement surannées. Et quand bien même j’arrivais à passer la porte, on n’était pas reçues comme des personnes qui allaient coudre.
Tu es équipée comment en termes de machines à coudre ?
Maintenant j’ai le combo parfait. Une machine à coudre Bernina qui a été mon premier achat, puis une première surjeteuse qui s’est transformée en surjeteuse recouvreuse, la Babylock Ovation et une brodeuse Brother Innov-is.
Effectivement, c’est l’équipement couture idéal…
Parce que j’adore tout l’art du fil, et donc j’aime aussi broder à la main. J’aime le fil dans toute sa dimension et au-delà tout ce que ça représente. Toute l’histoire du fil, l’origine des tissus, leur signification ethnologique. Les femmes khmers qui teignent à l’indigo, les femmes guatémaltèques et leurs huipils, des tuniques entièrement brodées. Chaque huipil montre de quel village viennent les femmes. Et bien sûr le kelsch alsacien. C’est un tissu en lin alsacien, tissé en lé très peu larges car les métiers à tisser sont très petits
Qu’est-ce qui te plait le plus ? La couture ? La broderie ?
C’est de mélanger tout. J’ai une amie qui me donne une de ses robes qu’elle ne met plus, et moi je vais la broder. Ce n’est pas de la customisation, c’est plus de l’embellissement, de l’ornementation. C’est plus de détourner ou remodifier l’esprit initial d’un vêtement pour lui donner un autre aspect.
Tu as suivi des cours pour apprendre à bien utiliser ta brodeuse ?
Non, mais à chaque fois je me dis que je vais le faire. J’ai peu de temps libre, et je n’ai jamais pu m’y inscrire faute de temps libre. Pour l’instant, je tâtonne encore un peu, j’essaye beaucoup. Je n’ai jamais considéré qu’on se trompe, c’est peut-être différent de l’effet escompté mais ça plaira toujours à quelqu’un. Et puis ma machine est très intuitive, hyper facile à prendre en main. Très instinctive. Et c’est de la véritable peinture.
Tu t’en sers beaucoup ?
Au début je pensais que j’avais presque fait un caprice en me l’achetant, mais maintenant c’est évident que ce n’est pas le cas. Justement il faut aimer les galons, ne pas aimer le côté ascète. J’ai toujours aimé ce que faisait les brodeuses hongroises par exemple.
Quels sont tes prochains défis ?
Finir un encours qui n’a jamais été fini, à savoir un jeans. Ça c’est mon côté boulet. Après, le côté plus motivant sera de constituer le calendrier de l’avent que je fais avec des amies d’Instagram depuis quelques années : Nadège samajestabazarette, Sylvie Sylviej67 et Sandrine du compte lespiosenvadrouille. L’enjeu c’est de confectionner nous même le maximum du contenu des pochettes en fonction des thèmes qui nous ont été donnés par Sylvie en début d’année.
Et ton dernier craquage ?
Ce sont des bords côtes lurex. En matière de tissu je craque aussi complètement pour les tissus Riffle paper and Co. À ce niveau, j’ai été influencée il y a très longtemps par Tricia Guild et depuis deux ou trois ans c’est Anna Bond de chez Riffle Paper and Co qui me plait énormément.