Passionnée de couture dès son plus jeune âge et émerveillée par la boîte à boutons de sa grand-mère, Sandrine Mettetal a fini par faire de sa passion son métier. Après avoir roulé sa bosse dans le marketing et à l’international elle a ouvert un showroom et un site en ligne - Buttons paradise - dédiés au bouton dans tous ses états. Rencontre.
De toutes formes, matières ou couleurs, le bouton est l’objet central du showroom atelier dans lequel nous reçoit Sandrine Mettetal à deux pas du boulevard Saint-Germain dans le sixième arrondissement de Paris. Nous l’avions croisée il y a quelques mois, émerveillées par sa vitrine et lui avions promis de revenir pour qu’elle nous parle plus en détails de son travail.
Bonjour Sandrine, racontez-nous un peu votre parcours.
J’ai toujours été attirée par deux choses : le dessin et la sculpture. Au moment du bac, j’aurais aimé poursuivre des études de stylisme. Mais pour faire plaisir à mes parents j’ai suivi des études de commerce. Toutefois avant de m’engager dans cette voie, je suis partie travailler à Londres juste après mon baccalauréat. J’étais prête à prendre n’importe quel travail mais très rapidement j’ai croisé une jeune femme qui m’a demandé ce que je savais faire. Je lui ai raconté que j’aimais coudre et elle m’a proposé de venir faire un essai le lendemain matin pour être assistante costumière. C’est comme cela que j’ai travaillé pendant 18 mois à la Royal Shakespeare Company, l’équivalent de notre Comédie française. Ce qui m’a permis de participer à la création de costumes pour John Hurt ou Vanessa Redgraves.
Vous rentrez alors en France pour suivre les études auxquelles vous destinaient vos parents…
Oui j’ai d’abord obtenu un D.U.T en Techniques de commercialisation option « marketing » que j’ai complété par un cursus en marketing et réseau. Et j’ai commencé à travailler dans les médias.
La couture restait alors une passion ?
Comme j’ai toujours aimé travailler de mes mains, à cette époque là c’était une détente après le travail. D’ailleurs à un moment j’aurais aimé tout lâcher et prendre une année sabbatique. Mais ça ne s’est pas fait et je suis rentrée dans le groupe Jean-Claude Decaux au sein duquel j’ai travaillé pendant douze ans. Je voyageais beaucoup, environ 200 jours par an, mais parfois dans les avions ou à l’hôtel je réfléchissais à un concept de mercerie moderne. J’avais un excellent réseau à l’international et j’imaginais une sorte de caravane nouvelle génération avec des soies venues d’Asie, les plus beaux wax d’Afrique, des tweeds, sergé ou laines dénichés en Europe ou aux USA…
Comment est née l’idée de Buttons paradise ?
Avec des boutons on peut tout faire. Le champ des possibles est immense et c’est un moyen de combiner couture et sculpture. C’est un marché porteur aussi bien en Amérique, qu’au Japon, en Nouvelle-Zélande, Australie ou Grande-Bretagne. La France a longtemps été le pays du savoir-faire mondial du bouton et j’ai fait un véritable travail de sourcing pour retrouver fabricants et créateurs. L’originalité de Buttons paradise est de commercialiser à la fois des boutons de créateurs contemporains et des boutons anciens. Toujours dans le haut de gamme. J’ai ainsi eu des séries de Lucien Weingott qui travaillait dans l’atelier de Jean Clément pour Schiaparelli, Dior ou Poiret.
Autour du bouton, il y a des histoires extraordinaires, notamment sur la façon dont les créateurs se débrouillaient en temps de guerre…
Oui, on sait par exemple que le parurier Henri Ham a créé des boutons avec des noyaux de cerises, des bouts de coraux, des coquilles d’œuf parce qu’il manquait de matière première pendant la seconde guerre mondiale.
Où les boutons sont-ils produits de nos jours ?
Il y avait une très grosse industrie dans le Jura et il y reste encore quelques artisans avec qui j’ai le plaisir de travailler. Ils sont très forts dans le travail de la nacre et de la corne.
Buttons paradise commercialise aussi bien des boutons anciens que des créations contemporaines. Ce qui va m’attirer c’est la forme, l’originalité, les matières que je préfère naturelles et minérales.
Et parfois vous les trouvez très loin de chez nous…
Oui, je vends par exemple des boutons japonais en corne gravée. Il y a parfois une demande chez les clientes qui viennent me voir parce qu’elles ont besoin de conseil. Et c’est un défi que j’apprécie beaucoup. Il m’arrive de trouver des boutons en vison pour satisfaire un client.
Si j’ai bien compris il existe un bouton adapté à chaque type de vêtement ? Et des règles pour coudre une boutonnière ?
Sur un chemisier, on a des boutonnières étroites et on ne peut pas mettre n’importe quelle forme. Le mieux sera un bouton rond, légèrement bombé avec une anse moulée au dos de préférence.
Dans les règles de l’art, pour coudre une boutonnière il faut compter deux millimètres de plus que le bouton de chaque côté. Si votre bouton fait 8 mm boutonnière devra mesurer 1,2cm.
Par ailleurs vous avez aussi une activité de création de bijoux à basse de boutons ou de boucles…
Effectivement je fabrique des bijoux, des bracelets manchettes, des colliers, des plastrons de robe, des bagues à base de boutons et de boucles. Je travaille avec un artisan du cuir et des tanneries et je crée des manchettes dans toutes les couleurs. Si on vient me voir au showroom, on peut totalement personnaliser sa manchette : choisir le cuir, la boucle, les boutons, la couleur… Ce sont des accessoires de mode exclusifs.
Brièvement pour conclure, quelles sont les tendances 2017 ?
Pour cet été, on a beaucoup de couleurs pop, flashy même et pas mal de résines translucides. La nacre a le vent en poupe. Et pour l’automne, on va retrouver de la corne, de la galalithe (faite à base de protéine du lait) qui se sculpte et se taille à merveille.
Pour aller plus loin
L’histoire du bouton détaillée sous toutes ses facettes dans le très beau livre de Loïc Allio, paru aux éditions du Seuil, que l’on peut encore trouver à la boutique du musée des arts décoratifs à Paris.
crédit photos buttons paradise