Aujourd’hui plus que jamais, il est primordial de réparer, rapiécer, raccommoder pour faire durer. Mais plus question de cacher cette seconde vie que nous offrons à nos vêtements, la reprise devient visible et s’affiche sans complexe. Petite revue des pratiques en cours.
Une prise de conscience indispensable
Nous sommes de plus en plus nombreux à nous poser des questions sur ces vêtements fabriqués au bout du monde et vendus à bas coûts de New York à Tokyo, de Grenoble à Buenos Aires dans des magasins qui se ressemblent tous. La mondialisation pousse à outrance l’uniformisation des goûts ainsi qu’à une consommation effrénée au détriment de l’humain et du respect de la planète. Une perte totale de sens quand on sait que 2,6 tonnes de vêtements sont enfouis ou brûlés chaque seconde dans le monde.
La prise de conscience est mondiale face à cet emballement de l’industrie de la mode. Tel des colibris, de plus en plus de gens veulent faire leur part pour ne plus participer à cette surconsommation aussi absurde que néfaste pour la Terre que pour ses populations. Et c’est d’ailleurs après la catastrophe du Rana Plaza en 2013 qui a fait 1130 victimes au Bengladesh que cette lame de fond a émergée.
Faire durer ses vêtements pour ne plus les jeter
Les solutions commencent souvent au plus près de nous, mais il n’est pas utile d’être une déesse de la couture et de coudre soi-même ses vêtements pour passer à l’acte. On peut tout à fait ré-enchanter sa garde-robe avec quelques fils, une aiguille et des techniques très simples. Et ça marche pour tout : des chaussettes trouées, un pull qui a servi de garde-manger aux mites ou s’est simplement usé aux endroits d’appui comme les coudes, une paire de jeans déchirée, une chemise élimée aux poignets ou sur l’encolure. Le plaisir est tout de suite là, et l’activité est tellement apaisante que l’on se prend très vite au jeu. Pour ne rien gâcher, le vêtement ainsi reprisé se teinte d’une valeur sentimentale inégalable. En témoigne la paire de jeans amoureusement raccommodée par Cécile lorsqu’elle avait 15 ans.
Si le raccommodage est une technique ancestrale, la nouveauté vient du fait qu’aujourd’hui il ne se cache plus. Des fils roses sur une chaussette grise, un fil dégradé pour masquer l’usure d’un poignet noir, un camaïeu de bleus pour donner une nouvelle vie à un jean.
Les marques de prêt-à-porter s’y mettent également. C’est le cas de l’enseigne nordiste « Jules » qui a ouvert des coins « réparation » dans certains de ses magasins . De leur côté, « le slip français » et le Drômois « 1083 » se sont unis sur le projet « mon coton » pour développer de nouvelles techniques de recyclage et porter la promesse d’un nouvel avenir pour la filière textile.
Des livres pour nous aider et nous inspirer
Nous avions déjà évoqué dans cet article la broderie sashiko utilisée depuis plus de 1000 ans par les japonais qui permet de rebroder les vêtements de manière harmonieuse et bien souvent artistique.
Le livre « Rapiécer et raccommoder » de la suédoise Kerstin Neumüller paru aux éditions « La plage » est aussi beau que bien conçu. Sur 140 pages on y apprend différentes techniques telles que la façon de rapiécer une poche sur l’intérieur, créer un renfort au point avant, le stoppage, quelques modèles de sashiko, faire une reprise ronde au point de feston ou diverses astuces pour réparer un tricot. Un livre très complet à rajouter à votre bibliothèque créative pour raccommoder à la main ou à la machine.
D’autres livres non encore traduits nous ont également inspiré pour écrire cet article : « Mending matters » de Katrina Rodabaugh et « Visible mending » de la Canadienne Arounna Khounnoraj.
Vous trouverez à la boutique plein de matériel pour raccommoder, rapiécer, accommoder votre mode en créant par exemple des écussons : feutrine, fils de broderie DMC ou fils pour sashiko, aiguilles, etc.
Enfin, pour comprendre l’impact de l’industrie de la mode et du textile et mieux consommer, « Le guide de la mode écoresponsable » de Alice Lehoux et Natacha Ruiz (paru chez Mango) nous donne toutes les clés pour adopter un mode de consommation plus vertueux en toute connaissance de cause.